2014 > 2018
Composé d’une série de sculptures, taille réelle, entièrement faite de carton récupéré, ce bestiaire éphémère présente un animal traité dans son individualité et sa personnalité, dans un souci quasi naturaliste. La singularité de l’œuvre réside dans le soin apporté au regard blanc et noir qui se détache de la sculpture. Par cet artifice l’œuvre semble investie d’une âme, ce qui la différencie d’une simple représentation plastique. La couleur du matériau n’est pas sans rappeler les nuances de la peau qui vient renforcer un sentiment de proximité avec celui qui la regarde.
A travers cette série, qu’il convient d’appréhender comme un ensemble formant une seule œuvre, je tente de rompre la barrière des espèces pour donner à voir l’unité du vivant dans sa diversité.
Alors que l’on parle de la 6ème grande extinction, ce bestiaire résonne comme un hommage à une faune sauvage vouée à disparaître. Hommage au corps, au vivant et à sa diversité, mais saisi dans sa fragilité à travers ce consommable qu’est le carton. Ce matériau est d’autant plus symbolique qu’il est le témoin de deux grandes problématiques qui s’opposent. Issu du bois et recyclable, il revêt ce caractère naturel et propre, tout en étant un pilier de la production et de la consommation humaine. Ce qui en fait un matériau emblématique de nos sociétés contemporaines, partagées entre le capitalisme et l’écologie. De ces morceaux découpés et assemblés jaillit le mouvement. Les corps semblent frémir, vibrer, s’animer. Paradoxalement ils n’en restent pas moins l’image figée d’une faune qui tend à s’éteindre, happée par la surexploitation et la surconsommation humaine.